Tout savoir sur le SDRC

Syndrome douloureux régional complexe (SDRC)

  • Pathologie méconnue. Synonymes : Dystrophie réflexe sympathique, Algodystrophie, Atrophie de Sudeck, Causalgie

  • Condition douloureuse caractérisée par douleur régionale disproportionnée Diagnostic tardif

  • Diagnostic d'exclusion

  • Ratio femme homme 2:1 à 4:1 (davantage chez post-ménopausée)

  • Impact qualité de vie

  • Type 1 : sans lésion nerveuse

    • Aussi appelée dystrophie réflexe sympathique

    • 90% des cas

  • Type 2 : avec lésion nerveuse périphérique

    • Nommée causalgie

    • Différente classification : chaud ou froid

    • Globalement, utilité clinique de la distinction inconnue….

  • Causes

    • Trauma : entorse, fracture : 50%

    • Chirurgie : 10-20%

    • Atteinte neurologique : AVC , TCC

    • Arthrite

    • Cancer

    • Infarctus du myocarde

    • Indéterminée (10%)

Manifestations cliniques du SDRC

  • Extrémités des membres : Main, poignet, cheville, pied

  • Membres supérieures > membres inférieurs

  • Unilatéral en général

  • 4 – 6 semaines post-insulte initiale

  • 4 symptômes cardinaux:

    1. Douleur : disproportionnée, souvent sous forme de brûlure

    2. Oedème

    3. Anomalies de mouvement, raideur articulaire

    4. Instabilité vasomotrice : différence de température, couleur

Critères diagnostics de Budapest

  1. Douleur

    • Disproportionnée par rapport à l'évènement initial

  2. Symptôme

    • Au moins un symptôme dans trois des catégories suivantes :

      • Sensitif : hyperesthésie, allodynie

      • Vasomoteur : changements de température ou de coloration

      • Sudomoteur : oedème, changement dans la sudation

      • Moteur, torphique : diminution de l'amplitude des mouvements, faiblesse, tremblements, dystonie, changements trophiques de la peau, des poils, des ongles.

  3. Signes

    • Au moins un signe dans deux des catégories suivantes :

      • Sensitif : hypersthésie à la piqûre

      • Vasomoteur : changement de température ou de coloration

      • Sudomoteur : oedème, changements dans la sudation

      • Moteur, trophique : diminution de l'amplitude des mouvements, faiblesse, tremblements, dystonie, changements trophiques de la peau, des poils, des ongles

  4. Aucun autre diagnostic ne peut expliquer les symptômes et les signes

Évolution en 3 stades

  1. Stade hyperémique

    • Débute immédiatement qq jours ou qq semaines après le trauma

    • Douleur, brûlure, sensibilité, oedème localisé

  2. Stade dystrophique

    • OEdème progressif, induration, peau froide, ankylose, fonte musculaire

    • Durée moyenne 3-6 mois Début ostéoporose à la radio

  3. Stade atrophique

    • Plus sévère, contractures, limitations

    • Déminéralisation osseuse sévère à la radio

Investigation

  • Aucun test ne peut confirmer le diagnostic

  • Diagnostic d'abord clinique

  • Imagerie utilisée pour éliminer autres diagnostics

  • Scintigraphie : parfois utile, résorption osseuse (Se 50% / Sp 90%)

  • Radiographie : oedème tissus mous, ostéoporose (20% normales)

  • IRM : peu utile, changements cutanés ou musculaires

  • Thermographie : parfois pour le diagnostic et le suivi

Évolution et pronostic

Évolution

  • Résolution en 1 an chez 80-85% des patients

  • Chronique chez 15-20%

Facteurs de bon pronostic

  • Fracture comme élément déclencheur

  • Absence de déficit sensitif

  • Oedème

  • Membre chaud au début de la maladie

  • Délai court entre la blessure et l'apparition de la maladie

  • Une seule articulation touchée

Facteurs de mauvais pronostic

  • Douleur prolongée

  • Douleur plus intense

  • Retard dans le traitement

  • Jeune (25 ans)

  • Fracture plus importante

  • Atteinte fonctionnelle importante

Prévention du SDRC à l'aide la Vitamine C

Shibuya N. et coll. E ont effectués une analyse de 4 études, dont 2 études randomisées contrôlées. Les études comparaient la Vitamine C VS placebo ou absence de vitamine C.

  • Vitamine C serait associée à une réduction significative du développement du SDRC (RR 0,22, IC 95% 0,12 – 0,39)

  • Vitamine C 500–1500 mg po die x 50 jours

  • Expérience clinique à l'URFI de Jonquière ; Dose prescrite est généralement de Vitamine C 500mg PO DIE x 90 jours

Mise en garde

Si une analyse d'urine est demandée chez un patient prenant de la Vitamine C, elle peut engendrer des faux négatifs au niveau des valeurs suivantes : Leucocytes, Nitrites et de l'Hémoglobine.

Traitement non pharmacologique

  • Traitement précoce plus efficace

  • Approche multidisciplinaire recommandée

      1. Éducation du patient :

        • absence de dommage tissulaire

        • importance de la mobilisation précoce

      2. Physiothérapie / ergothérapie :

        • référence précoce

        • programmes d’exercices

      3. Psychologie :

        • si jugé nécessaire

Traitement pharmacologique

  • Objectif d’analgésie suffisante pour tolérer programme d’exercice

  • Algorithme similaire à celui de la douleur neuropathique

    1. AINS : Ibuprofen, Naproxen, Celebrex

    2. Anticonvulsivants :

      • Gabapentin et Pregabalin à titrer selon réponse clinique

      • Peu de donnés dans le SDRC, mais tout de même recommandés

      • Étude randomisée contrôlée unique avec Gabapentin : négative

    3. Antidépresseurs :

      • pas d’évidence dans le SDRC, mais tout de même recommandés

      • de type tricyclique : Amitriptyline 25-50 mg HS

      • de type ISRS / ISRN

    4. Bisphosphonates :

      • 5 petites études randomisées contrôlées (total 201 patients)

      • à considérer si évidence d’atteinte osseuse à l’imagerie

      • Alendronate est le bisphosphonate le plus étudié

    5. Lidocaine / capsaicine topique :

      • évidences limitées dans le SDRC

      • en association avec autre médication, essai suggéré de 3 à 5 jours

    6. Glucocorticoïdes :

      • évidences limitées dans le SDRC

      • après échec AINS, si SDRC chronique

      • prednisone 30-80 mg DIE…

    7. Opioides :

      • Non recommandé

      • utilisation judicieuse en combinaison avec ci-haut

Références :

  • Abdi S. Complex Regional Pain Syndrome: Clinical manifestations an diagnosis. UptoDate. https://www.uptodate.com/contents/complex-regional-pain-syndrome-in-adults-pathogenesis-clinical-manifestations-and-diagnosis?source=see_link

  • Abdi S. Complex Regional Pain Syndrome: Prevention and Management. UptoDate. https://www.uptodate.com/contents/complex-regional-pain-syndrome-in-adults-prevention-and-management?source=see_link

  • Fugère F. Le syndrome régional douloureux complexe : Vous connaissez ? Vous devriez !. Le médecin du Québec. Volume 50, numéro 1, janvier 2015. pp 41-46.

  • O’Connell NE, et al. Which treatments are effective for the treatment of complex regional pain syndrome. Cochrane Review. April 30th, 2013. http://www.cochrane.org/CD009416/SYMPT_which-treatments-are-effective-treatment-complex-regional-pain-syndrome-adults [consulté le 19 septembre 2016].

  • Shibuya N, et al. Efficacy and safety of high-dose vitamin C on complex regional pain syndrome in extremity trauma and surgery – systematic review and meta-analysis. J Foot Anfle Surg. 2013, Jan-Feb:52(1). pp 62-66.

  • Connolly SB, et al. A systematic review of ketamine for complex regional paip syndrome. Pain Med. 2015, May: 16(5). pp 942-969.

  • Goebel A, et al. Intravenous immunoglobulin treatment of the complex regional pain syndrome: a randomized trial. Ann Intern Med. 2010, Feb 2 : 152(3). pp. 152-158. Guide pratique de l'appareil locomoteur Dr Gilles Côté.

  • Algorithme de prise en charge interdisciplinaire du syndrome douloureux régionale complexe, Ministre de la santé et des services sociaux du Québec, RIUS Université Laval, 2015.

  • Lajeunesse Judith. L'ABC du prélèvement d'urine. Le medecin du quebec, volume 55, numéro 8, août 2020, 17-21