Syndrome des jambes sans repos

Le syndrome des jambes sans repos est un désordre de mouvements anormaux des jambes associé avec le sommeil. Cette affection repose repose essentiellement sur un diagnostique clinique. Plus de 80% ont aussi un trouble de mouvement périodique des membres inférieurs. Ce guide ne substitut pas le jugement clinique du praticien et chaque conduite doit être individualisée.


Mise à jour le 21 avril 2022

Critères diagnostiques

Critères essentiels

  • Envie urgente de bouger les jambes 2e sensation inconfortable dans les jambes

  • Envie urgente de bouger les jambes ou sensation inconfortable augmentée en période d’inactivité

  • Envie urgente de bouger les jambes ou sensation inconfortable soulagée avec le mouvement

  • Envie urgente de bouger les jambes ou sensation inconfortable pire le soir ou la nuit

  • Symptomatologie non-expliquée par autre pathologie.

Selon évolution clinique

  • Chronique:

    • 2X par semaine pour la dernière année

  • Intermittent:

    • Moins de 2X par semaine dans la dernière année

    • Au-moins 5 épisodes à vie

Selon impact clinique

  • Détresse significative ou impact sur fonctionnement social, occupationnel, émotionnel ou autres sphères importantes.

Bilans à demander

  • Fer

  • Ferritine

  • Vitamine B12

  • Vitamine D

  • Urée

  • Créatinine

  • TSH

  • HBA1c

Cause médicamenteuse

  • Antidopaminergiques

    • Métoclopramide

    • Neuroleptiques

  • Anti-histaminiques comme le diphenhydramine

  • Antidépresseurs

    • Antidépresseurs tricycliques

    • ISRS

  • Lithium

  • Bêta-bloqueur

  • Habitudes de vie / Non médicamenteux

    • Alcool

    • Cafféine

Questions clés

  1. Est-ce que les symptômes donnent envie de bouger les jambes?

  2. Les symptômes sont-ils améliorés avec les mouvements?

  3. Est-ce que les symptômes sont pires le soir ou la nuit?

Traitement non-pharmacologique

  • Hygiène de sommeil

    • Pas d'alcool ni de caféine avant sommeil

    • Pas d'exercice juste avant sommeil

    • Éviter la déprivation sommeil

    • Heure régulière de sommeil

  • Activité physique aérobique

    • Permet de diminuer l'intensité des symptômes

  • Bain chaud/ froid avant le sommeil

  • Massage des membres inférieurs/ vibrations

Traitement pharmacologique - Première ligne - Fer -

La supplémentation en fer est généralement proposé chez les patients atteints du syndrome des jambes sans repos (SJSR) dont le taux de ferritine sérique à jeun est inférieure 75 ng/mL (voir algorithme si bas). Comme la ferritine sérique est un réactif de phase aiguë, une saturation de la transferrine inférieure à 20 % peut être une mesure plus précise des faibles réserves de fer chez les patients atteints de troubles inflammatoires aigus ou chroniques. La supplémentation en fer ne doit pas être prescrite de manière empirique pour le SJSR car elle peut entraîner une surcharge en fer, en particulier chez les patients atteints d'hémochromatose jusque-là insoupçonnée. Les patients présentant des signes d'excès de fer (par exemple, saturation en fer 45 % ) ne doivent pas recevoir d'essai de fer.

    • si ferritine

      • < 50 -75 mcg/L et saturation < 45%

        • Traitement avec sulfate ferreux (325 mg po BID)

          • ou Parrafer($ ?) ou Feramax($ ?)

          • Avec Vit C pour augmenter l'absorption (100 mg BID)

      • < 20 mcg/L et saturation < 45%

        • Traitement parentéral (IV) par exemple - Venofer® 200 mg IV x 1 dose puis après avec CLSC q 3 mois

    • Bilans à recontrôler tous les 3 -6 mois

      • Fer, ferritine, % de saturation de la transferrine

    • Clientèles particulières

      • Compatible avec la grossesse et ce même avant la grossesse afin de reconstituer les réserves de fer

      • Choix intéressant en insuffisance rénale chronique


Traitement pharmacologique - Première ligne - anticonvulsivants

  • Mécanisme d'action via le ligand calcium alpha-2-delta

  • Prébagalin (Lyrica®)

    • Dose initiale de 75mg PO DIE - 2 heures avant le coucher

  • Gabapentin (Neurontin®) - il est recommandé de le prendre 2 heures avant le coucher

    • Dose initiale de 300mg PO DIE - 2 heures avant le coucher

Traitement pharmacologique - Deuxième ligne - agonistes dopaminergiques

Pramiprexole (Mirapex®)

  • Le PRAMIPEXOLE peut être utile pour le soulagement du syndrome des jambes sans repos (Restless legs syndrome).

  • La thérapie est initiée à 0.125 mg en soirée (administrer 2 à 3 heures avant le coucher) puis augmenter aux 4 à 7 jours selon la réponse jusqu'à un maximum de 0.75 mg en soirée.

Rotigotine (Neupro®)

  • Indiqué pour le traitement symptomatique du syndrome des jambes sans repos idiopathique d'intensité modérée à sévère.

    • Dose initiale - 1 mg/24 heures

    • Ajustements - Augmenter de 1 mg/24 heures à intervalles de 7 jours selon la réponse et la tolérance

    • Dose minimale efficace - 1 mg/24 heures

    • Dose maximale - 3 mg/24 heures


Traitement à envisager si forme sévère de la maladie. Un suivi des complications aux 6 mois est recommandés afin d'évaluer la présence/l'apparition de syndrome d’augmentation et Trouble des compulsions

Syndrome d'augmentation

    • Prévalence ad 20-30% avec les agonistes dopaminergiques

      • Pramiprexole (Mirapex®)

      • Rotigotine (Neupro®)

    • Détérioration des symptômes suite à une utilisation prolongée d’agoniste dopaminergique

      • Complication à long terme, apparition lente

      • + tôt dans la journée

      • Symptômes + intense

      • Propagation des Sx vers des parties du corps initialement non touchées

      • Besoin d’une + haute dose pour soulager

      • Dépendant de la dose + durée

      • Pathophysiologie

        • Interaction entre les récepteurs D1 et D3 + leur sur-stimulation

    • Conséquence iatrogénique

      • risques de déprivation de sommeil sévère et le "continuous restlessness"

Trouble des compulsions

    • 6-17% des pts RLS avec agonistes

    • Risque serait accru

      • si aussi présence de syndrome d’augmentation

      • Haut dosage

    • Peuvent se développer en tout temps

    • Souvent sans insight au questionnaire

    • Clientèle la plus à risque:

      • Jeune homme

      • Dépression, anxiété

      • ATCD perso ou familiaux de compulsion

    • Exemples cliniques :

      • Binge eating

      • Hypersexualité

      • Dépense-achats

      • Jeux de hasard et d’argent

      • Pianotage

      • Unproductive mecanical activities ( ex: collectionner les boutons)

Traitement pharmacologique - Troisième ligne

Opiacés

    • Hydromorphone (Dilaudid®)

    • Oxycodone (Supeudol®)

    • Tramadol (Ultram®)

    • Methadone

Levodopa-Cardidopa (Sinemet®)

    • Si prise en continu, 73% des patients ont un syndrome d'augmentation

    • Pourrait être utile si utilisé juste avant de prendre l'avion

Benzodiazépines

    • Zolpidem (Sublinox®)

Légende

> supérieur

< inférieur

≥ supérieur ou égal

≤ inférieure ou égal

TSAT en anglais = taux de saturation en fer

Références :

  • Vigilance Santé

  • Lancet Neurol.

  • 2018 Nov;17(11):994-1005. doi: 10.1016/S1474-4422(18)30311-9. Epub2018 Sep 21. Comorbidities, treatment, and pathophysiologyinrestlesslegs syndrome. TrenkwalderC1,Allen R2,HöglB3,Clemens S4,Patton S5,SchormairB6,WinkelmannJ7.

  • French consensus: Pharmacoresistantrestlesslegs syndrome. RevNeurol(Paris). 2018 Sep -Oct;174(7-8):522-531Chenini S1,Arnulf I2,MonacaCC3,GhorayebI4.

  • Drug Saf.2018 Jan;41(1):19-75. doi: 10.1007/s40264-017-0590-6. Dopamine Agonistsand Impulse Control Disorders: A ComplexAssociation Marie Grall-Bronnec12,Caroline Victorri-Vigneau34,Yann Donnio5,Juliette Leboucher5,Morgane Rousselet53,Elsa Thiabaud5,Nicolas Zreika5,Pascal Derkinderen67,Gaëlle Challet-Bouju53

  • BMJ. 2017 Feb27;356:, New concepts in the management ofrestlesslegs syndrome. Garcia-BorregueroD1,Cano-PumaregaI2.

  • Continuum : SleepNeurologyaout 2020

  • Continuum : SleepNeurologyaout 2017

  • Présentation Dr Alex Desautels, 2015