Douleur chronique ; Comment questionner lors d'une histoire médicamenteuse
L'optimisation de l'analgésie est une raison de consultation bien connue en pharmacie. Il ne se passe pas une semaine sans qu'une demande de consultation soit formulée au département de pharmacie ou bien que le pharmacien GMF soit demandé dans un dossier en externe.
Chez un patient connue avec des douleurs chroniques, surtout ceux ayant une douleur de longue date, la réalisation d'une histoire médicamenteuse est essentielle. Cette histoire permettra de mieux cibler nos interventions et individualiser le traitement. De plus, en contexte de télé-médecine, il est parfois difficile d'utiliser les outils standardisé (P. ex BPI). Ce questionnaire est d'ailleurs recommandé comme outil de suivi de l'efficacité de la médication en douleur chronique.
Voici truc maison afin de bien orienter et guide le questionnaire au patient : où, quand, comment, pourquoi et qu'est-ce qui. Enfin, il est important de discuter du volet somnolence secondaire aux analgésiques.
Où? localisation et région atteinte
La localisation et la région atteinte par la douleur est essentiel dans le questionnaire de prise en charge. Ne pas hésiter à questionner si la douleur est située à plusieurs endroits. La douleur peut se localiser à plusieurs endroits et la présentation peut être différente.
Quand? depuis quand, douleur de jour vs de nuit, repos vs mobilisation, son évolution
Depuis combien de temps il y a notion de douleur chronique. Ceci peut aider à savoir la cause de la douleur. Par exemple, certains traitement de chimiothérapie (p. ex classe des platines) peuvent causer des douleurs neurologiques. De plus, il est important si la douleur est présente ou amplifiée de jour ou de nuit. Le moment où les pics de douleurs sont présent nous aidera à choisir une thérapie médicamenteuse. La notion d'insomnie est importante aussi. On doit questionner si le patient se réveille avec de la douleur. Enfin, il est important de questionner si la douleur est amplifiée par la mobilisation ou bien si elle est présente au repos ou bien si elle se dégrade ou s'est détériorée dans le temps.
Comment? présentation, effets secondaires, intensité
Quelle est la cause de la douleur? Comment elle se présente? Est-ce une douleur qui chauffe, qui brûle, qui pique, un sentiment de coup de couteau, un choc électrique vs des raideurs vs élancements vs compression vs autres. La présentation nous aidera à caractériser la douleur et la compartimenté selon la cause la plus probable (p. ex neuropathie vs douleur musculaire vs arthrose vs douleur osseuse etc...). De plus, il est très utile de reconnaître l'intensité de la douleur (p. ex sur échelle)
Dans les dossiers où il y a notion de douleur chronique, il y a souvent plusieurs échecs ou intolérance à la médication par le passé. Il est important de décortiquer et réévaluer le motif de cessation du médicament et de le remettre en contexte. Parfois, il n'a pas été essayé assez longtemps, parfois l'effet secondaire aurait pu se dissiper dans le temps, parfois le médicament ajouté a été la goutte d'eau qui fait déborder le vase (voir section somnolence).
Pourquoi? cause possible, prise en charge
Évaluer les causes de la douleur (liste non exhaustive)
Cause médicamenteuse (hyperalgie secondaire aux narcotiques, bisphosphonate, certains antinéoplasiques etc...)
Cause pathologique (diabète non maitrisé au long cours, AVC, TCC etc...)
Origine de la douleur (centrale vs périphérique). Certains médicaments auront un meilleur effet si la douleur est d'origine centrale.
autres
Qu'est-ce qui soulage la douleur?
Est-ce qu'il y a un médicament ou une mesure non pharmacologique qui soulage la douleur (partiellement ou complètement)
Qu'est-ce qui augmente la douleur?
Évaluer les symptômes anxieux. L'anxiété est un facteur important dans la difficulté à maitriser la douleur. Un soulagement optimal de l'anxiété aura un effet bénéfique au long court sur le contrôle des douleurs. Évaluer si d'autres facteurs peuvent augmenter les douleurs, comme par exemple le positionnement, une orthèse non ajustée etc...
Somnolence
La somnolence secondaire à la médication contre les douleurs est un motif de cessation ou une plainte très fréquent. La grande majorité des médicaments contre les douleurs peuvent causer de la somnolence avec une incidence qui leur est propre. On doit expliquer au patient que s'il y a présence de somnolence, on doit évaluer si d'autres médicaments au dossier peuvent causer cette affection. Surtout si le nouveau médicament procure un soulagement.
Par exemple, si un patient prend 3 médicaments pouvant causer de la somnolence et qu'un quatrième médicament est ajouté et que ce dernier se plaint de somnolence secondaire au nouveau médicament. Il est important d'évaluer si ce dernier médicament procure un soulagement. Si oui, il peut être envisagé de "faire de la place" et diminuer d'autres médicaments potentiellement somnolent (p. ex benzodiazépines et les narcotiques).
Tests et questionnaires validés selon le type de dépistage désiré
Tests de dépistage : douleur, perception de l’incapacité, perception de l’état de santé général, symptômes d’irradiation sous le genou, symptômes préexistants
Tests de dépistage psychologique (dépression et anxiété) : croyances et attitudes face à la douleur, aux médicaments et recadrage
Échelle de dépression HAD (Hospital Anxiety and Depression)
Questionnaire de santé générale (SF12)
Évaluation individuelle face à la douleur (FABQ)
Impressions générales de changement des patients (PGIC)
Test de dépistage en douleur neuropathique
Tests de dépistage du point de vue fonctionnel :
Questionnaire concis sur les douleurs (Brief Pain Inventory – BPI)
Questionnaire d’Oswestry sur les incapacités liées à la douleur (ODI version 2.1a)
Keele StarT Back Screening Tool
Évaluation reliée au travail : satisfaction au travail, projection du patient face au retour au travail, mesures financières incitatives, absence de tout type de travail
Questionnaire évaluation le risque de dépendance aux opioïdes
Présentation d'un collègue pharmacien sur l'évaluation de la douleur en pharmacie communautaire :
Dernière mise à jour le 27 février 2022